Notes

[En savoir plus 1]
Aux XVe et XVIe siècles, les tentures des chœurs clos narrant la vie de saints fondateurs venaient tout à la fois orner de couleurs les boiseries hautes des stalles et jouer, temporairement et de manière cyclique, un rôle éthique. En rappelant les faits marquants de la vie du saint, les scènes ainsi déployées stimulaient la dévotion, la ferveur et l'esprit d'imitation.

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[En savoir plus 2]
Le couvent des dominicains de Trèves vient tout récemment de faire l'objet d'une synthèse par Dieter Schultz, enseignant en histoire à la retraite, passionné par l'histoire du lieu sur lequel il exerça sa profession Ajouter en lien le fichier allemand Dominikaner (à prendre sur clef USB car trop lourd pour un envoi par mail).
Des extraits de son étude ont été publiés en 2011 et 2012 :
- « Das Schicksal des Trierer Dominikanerklosters und seiner Kirche im Schatten des Domes », Trier, Kurtrierisches Jahrbuch, 2011, 51, p. 187-213.
- « Schicksal desDominikanerklosters », Trier, AVG (Auguste-Viktoria-Gymnasium) Journal, 2012, 1, p. 12-14.

Maison Pierre Seilhan

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Les six tableaux sur la vie de saint Dominique  de la Maison Seilhan

Six tableaux ornent les murs d'une salle de la Maison Seilhan, six tableaux de forme surprenante.

Tableau1 Tableau2
Tableau3 Tableau4

Tableau5

Tableau6

Depuis leur transfert de Toulouse à Fanjeaux en 1933, l'habitude avait été prise de les attribuer à un frère artiste de l'Ordre, Balthasar-Thomas Moncornet (1630-1716), auteur à l'âge de dix-huit ans des peintures du plafond de la chapelle. Les tableaux étaient perçus comme un complément destiné originellement à orner les murs de la chambre de saint Dominique dont on sait qu'elle était déjà un oratoire au XVIIe siècle.
Cependant, la restauration des œuvres (2005-2008) fut l'occasion d'enclencher un travail de recherches historiques sur les œuvres. L'enquête permit d'établir
- que les œuvres étaient des dorsaux de stalles [Voir la rubrique En savoir plus 1]
- que ces dorsaux proviennent du chœur du couvent des dominicains de Trèves (Allemagne) aujourd'hui détruit. Du couvent subsistent encore à Trèves la chaire et les bancs de la nef et, en France, le maître-autel (Dabo) et quatre confessionnaux (Metz) [Voir la rubrique En savoir plus 2]
- que l'auteur des œuvres est un peintre du nom de Verotius dont on ne sait quasiment rien.

D'un point de vue général, les tableaux présentent un certain nombre de caractéristiques communes :
- présence d'un blason et, parfois, d'une inscription, marques vraisemblables d'un mécène
- mise en scène importante par l'ajout d'une draperie, d'un emmarchement et d'une architecture monumentale
- juxtaposition de deux scènes pour renforcer la valeur spirituelle mise en exergue dans les épisodes sélectionnés de la vie de saint Dominique (seule une scène d'arrière-plan ne concerne pas saint Dominique lui-même).
- recours à diverses sources connues depuis le XIIIe siècle (Libellus, procès de canonisation, etc.) pour sélectionner les épisodes de la vie de saint Dominique.

 

Une question demeure : pourquoi avoir choisi certains épisodes et pas d'autres ? Certes, il était impossible de représenter tous les récits relatifs à la vie de saint Dominique mais la sélection opérée offre-t-elle une cohérence ?
Six thèmes sont développés :
- le salut (par la conversion de femmes cathares et le sauvetage de pèlerins anglais). La soif du salut des hommes est l'élément spirituel moteur de la fondation de l'Ordre par saint Dominique
- l'approbation tant ecclésiale (remise d'une bulle par le pape Honorius III) que céleste (vision de saint Pierre et de saint Paul) d'un ordre député à la prédication pour le salut, notamment pour la conversion des hérétiques. L'approbation céleste inscrit le propos dans le dessein divin de rédemption diffusé par l'évangélisation, tandis que l'approbation papale assure la validité canonique du nouvel ordre
- la mendicité (miracle du repas à Rome avec évocation de l'eucharistie). La mendicité choisie par les frères est la partie la plus visible de l'ascèse de l'Ordre. Cette mendicité n'a pour but que de les libérer d'obligations économiques et foncières en vue d'une prédication itinérante
- le don de la vie par l'intercession du Christ Sauveur (deux scènes de résurrections obtenues par saint Dominique), but ultime du salut
- la quête de la vérité et sa défense jusqu'au don de la vie (voir ci-dessus) comme moyens de vivre et d'honorer la mission de prédication en vue du salut
- la mort du saint comme gage de soutien à ses frères (derniers instants de saint Dominique et dévoilement de la cour céleste qui va l'accueillir ; « Ne pleurez pas, car je vous serai plus utile là où je vais que je ne l'aurais été ici bas »).

Ainsi lues, les scènes déploient et martèlent le propos de l'Ordre des Prêcheurs : une vocation ecclésiale de prédication pour le salut des âmes. Placés dans le chœur de l'église, les tableaux rappelaient aux frères de Trèves les raisons de la naissance de leur ordre et de leur propre engagement en son sein.
Pour autant, il serait présomptueux d'en déduire que nous possédons le cycle complet des tableaux de Verotius. De même, le fait que ce peintre soit l'auteur d'un autre cycle de six peintures sur la vie de saint Syméon de Trèves ne permet pas non plus d'estimer le nombre initial des œuvres de la série dévolue à saint Dominique. Si d'autres tableaux étaient trouvés, la lecture thématique proposée ci-dessus serait à réviser. Pour l'heure, nous ne la conservons qu'à titre d'hypothèse, à défaut d'en avoir une plus pertinente.

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