Fanjeaux / Prouille

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Sur les traces de saint Dominique à Fanjeaux, Prouilhe et Montréal

Il ne subsiste rien – ou presque – des monuments contemporains de Dominique. Plusieurs « lieux de mémoire » édifiés au cours des siècles évoquent pourtant la présence de saint Dominique. 

Ancien couvent des frères de Fanjeaux (11)
Eglise paroissiale de Fanjeaux (11)
Maison Saint-Dominique de fanjeaux (11)
Seignadou

 

Croix du Sicaire sur le chemin dit de saint-Dominique

L'ancien couvent des frères Prêcheurs et la chapelle du miracle

Le couvent des dominicains de Fanjeaux a été construit au milieu du XIVe siècle pour honorer la venue du saint à Fanjeaux. La maison de Guillaume de Durfort, l’un des co-seigneurs de Fanjeaux se trouvait à cet endroit à l’époque de Dominique. Le « miracle du feu », le miracle languedocien de Dominique le mieux attesté, se serait produit en cet endroit en 1207. Au terme d’une dispute théologique, les adversaires de Dominique jettent au feu le texte contenant les arguments avancés par ce dernier. Les flammes rejettent le document et ne le consument pas. Le document ainsi rejeté aurait heurté et brûlé la poutre au-dessus de la cheminée. La pierre du foyer et la poutre sont conservées et vénérées dans une chapelle installée en 1346 sur le lieu même du miracle. C’est d’abord pour y célébrer des offices en l’honneur de saint Dominique et recevoir les pèlerins venus vénérer la poutre du miracle que les frères s’installent dans ce quartier, avant d’y édifier à partir de 1365 leur couvent et leur église, dans un style gothique méridional. Les frères restent dans ces lieux jusqu’à la Révolution française; ils sont expulsés en 1792, les bâtiments sont vendus, et l’église est utilisée comme remise.

Après avoir été laissés à l’abandon, ces bâtiments sont rachetés par l’Ordre en 1894. Les sœurs dominicaines de la Sainte-Famille s’y installent en 1935 et les restaurent. La chapelle du miracle se trouvait au fond du jardin, à droite. Elle était richement décorée. En 1913, on installe sur le site du sanctuaire disparu un monument de pierre faisant office de mémorial. On y trouve aujourd’hui une statue de saint Dominique tendant un parchemin exécutée en 1972 par l’artiste polonais Lech Wardecki. Derrière le mémorial du miracle, on discerne encore dans le mur des traces de l’ancienne chapelle (une porte en ogive médiévale et une ouverture en plein cintre du XVIe siècle). 

L’église paroissiale

L’église paroissiale, date de la fin du XIIIe siècle (1278-1281). La décoration baroque remonte au XVIIIe siècle. L’église actuelle est bâtie sur les fondations de l’ancienne église paroissiale – celle, donc, où a officié saint Dominique. C’est là que se situe la scène de l’apparition d’un énorme chat noir aux neuf parfaites cathares converties par la prédication du saint.

Les reliques du « miracle du feu » sont aujourd’hui conservées dans la chapelle de saint Dominique.

 La Maison Saint-Dominique

Cette maison a été acquise par les dominicains de la province de Toulouse en 1898 afin que des frères puissent garder au cœur du « borguet sant Domenge » de Fanjeaux (le quartier de saint Dominique) la mémoire de leur fondateur. Dans les années 1960, le P. Ceslas Rzewuski, a donné un climat médiéval au lieu que ses prédécesseurs avaient parfois baptisé « chambre de saint Dominique». Les éléments les plus anciens de la maison dateraient en fait du XIVe siècle.

Dans la pièce aménagée en oratoire, plusieurs objets évoquent la mémoire de saint Dominique :

- Une Vierge en bois polychrome, sculptée par Lech Wardecki. Elle s’inspire d’une statue de la Vierge médiévale vénérée par les sœurs de Prouilhe et conservée aujourd’hui dans l’église Saint-François de Castelnaudary ;

- Un tabernacle en bois doré du XIVe siècle dont la porte est ornée de la représentation d’un évêque, sans doute saint Augustin ;

- Une poutre fixée au mur rappelant symboliquement le miracle du feu ;

- Un buste-reliquaire dominicain du XVIe siècle présentant une relique de saint Dominique ;

- Un vitrail de Jean Hugo (1894-1984), arrière-petit-fils de Victor Hugo, ami du P. Rzewuski. Ce vitrail réalisé en 1962 représente six scènes de la vie du saint, la plupart liées à Fanjeaux et à ses environs : le miracle du feu chez Guillaume de Durfort ; l’apparition du chat démoniaque aux premières converties devant l’église paroissiale ; le globe de feu aperçu au Seignadou ; le miracle des épis sanglants ; le songe d’Innocent III (en 1215, le pape voit en rêve Dominique empêchant l’Église de s’écrouler) ; la dispersion des premiers frères à Prouilhe le 15 août 1217.

Le Seignadou

En sortant de la Maison Saint-Dominique, à droite, on arrive au belvédère appelé « le Seignadou ». En 1853, le curé de Fanjeaux, l’abbé Auguste Cros, y érige une croix de pierre. Cette croix est remplacée en 1860 par une croix de marbre blanc offerte par la vicomtesse Jurien. En 1868, on inaugure un monument plus important élevé à côté de la croix, sur souscription : un oratoire surmonté de la statue de saint Dominique. L’état actuel du monument résulte de la restauration effectuée en 1898 par l’architecte E. Florent, de Castelnaudary. Une nouvelle statue remplace la première, abattue par un ouragan.

Un récit tardif rapporte qu’à cet endroit, en juillet 1206, Dominique vit à plusieurs reprises une boule de feu tomber du ciel sur le lieu-dit de Prouilhe, qui était alors un hameau comprenant une petite église en ruines. Le saint perçut là un « signe de Dieu » : il lui fallait établir en ce lieu un monastère, celui-là même qui accueillerait les toutes premières dominicaines, des femmes converties du catharisme par son exemple évangélique et sa prédication.

Les monuments votifs à Fanjeaux et à Montréal

En 1868, une nouvelle « croix du sicaire » est élevée sur le « chemin de saint Dominique » qui mène de Fanjeaux à Prouilhe. Elle rappelle l’embuscade tendue à Dominique. Sur le territoire de la paroisse de Montréal, le P. Cormier, provincial de la province de Toulouse, fait ériger à la même date trois monuments commémoratifs le long de la route qui conduit de Montréal à Carcassonne. Deux d’entre eux remplacent des monuments plus anciens : ils évoquent un miracle de protection de l’orage et le miracle des épis de blé ensanglantés ; une fontaine est aménagée elle aussi comme lieu de dévotion à saint Dominique en contrebas du domaine de Latour. Dans la collégiale de Montréal, une grande toile de Pierre Adolphe Badin, exposée au salon des Tuileries de 1848, rappelait déjà aux paroissiens la figure protectrice et apostolique de saint Dominique.

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